Les deux Aventuriers et le Talisman

Rédigé par Gianni - - Aucun commentaire

Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
Je n’en veux pour témoin qu’Hercule et ses travaux :
Ce dieu n’a guère de rivaux :

J’en vois peu dans la fable, encore moins dans l’histoire.
En voici pourtant un, que de vieux talismans
Firent chercher fortune au pays des romans.
Il voyageait de compagnie ;
Son camarade et lui trouvèrent un poteau
Ayant au haut cet écriteau :
« Seigneur Aventurier, s’il te prend quelque envie
« De voir ce que n’a vu nul chevalier errant,
« Tu n’as qu’à passer ce torrent ;
« Puis, prenant dans tes bras un éléphant de pierre
« Que tu verras couché par terre,
« Le porter, d’une haleine, au sommet de ce mont
« Qui menace les cieux de son superbe front. »
L’un des deux chevaliers saigna du nez. « Si l’onde
Est rapide autant que profonde,
Dit-il, et supposé qu’on la puisse passer,
Pourquoi de l’éléphant s’aller embarrasser ?
Quelle ridicule entreprise !
Le sage l’aura fait par tel art et de guise
Qu’on le pourra porter peut-être quatre pas :
Mais jusqu’au haut du mont, d’une haleine, il n’est pas
Au pouvoir d’un mortel ; à moins que la figure
Ne soit d’un éléphant nain, pygmée, avorton,
Propre à mettre au bout d’un bâton :
Auquel cas, où l’honneur d’une telle aventure ?
On nous veut attraper dedans cette écriture ;
Ce sera quelque énigme à tromper un enfant :
C’est pourquoi je vous laisse avec votre enfant. »
Le raisonneur parti, l’aventureux se lance,
Les yeux clos, à travers cette eau.

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